Alain Floquet

Alain Floquet
- Né le 18 décembre 1939 à Paris
- Grade : 8e dan Kyoshi d'Aïkibudo.
- Disciple des Maîtres Jim Alcheïk,
Hiroo Mochizuki et Minoru
Mochizuki.
7e de Katori Shinto-ryu, 5e d'Iaï-Jutsu
Yoseïkan Shinto-ryu, Kyoju Daïri de
Daïto-ryu Aïki-jujutsu (Soke Takeda
Munemitsu).
- Directeur technique de la F.I.A.B.
(Fédération Internationale
d'Aïkibudo).
- Directeur technique de l'Aïkibudo -
F.A.A.A..
- Créateur du C.E.R.A. (Centre d'Etude
et de Recherche Aïkibudo) en 1973.
- Expert judiciaire près la Cour
d'Appel de Paris en criminalistique
et sport. Membre de la société
française de criminalistique.
"Le sens de l'art martial aujourd'hui, c'est participer à l'évolution et au progrès de chacun, c'est permettre à tous de se construire physiquement et mentalement"
Le mouvement perpétuel
Élève des plus grands maîtres d'Aïkido, Alain Floquet a appris les valeurs ancestrales d'un art martial qu'il a toujours essayé de mieux connaître. Éternel chercheur, celui qui est à l'origine de l'Aïkibudo semble obsédé par le mouvement, qui "obéit aux lois naturelles de l'utilisation du corps".
Le geste parfait. C'est ainsi que pourrait se résumer l'obsession de la vie d'Alain Floquet. "Pour réaliser un mouvement juste, on ne peut pas faire n'importe quoi. Sinon, le geste n'est plus correct, il ne répond plus aux exigences physiologique et physique du mouvement", aime commenter celui qui a reçu l'enseignement des plus grands maîtres japonais dans les écoles anciennes du Pays du Soleil Levant comme le Datto-ryu Aïki-jujutsu et le Katori-Shinto-ryu, dont il reste aujourd'hui l'un des héritiers. Alain Floquet a neuf ans quand, sous l'influence de son frère Claude, il découvre les Arts Martiaux. Il commence par le Judo avant de pratiquer l'Aïkido et le Karaté au Club Parmentier, sous la houlette de Jim Alcheïk. Mais c'est le Kendo, étudié à partir de 1966 (il a alors 27 ans) qui va le conduire au Japon pour la première fois. En 1970, les premiers Championnats du monde de la discipline sont organisés à Tokyo. Membre de l'équipe de France, Alain Floquet y voit un moyen d'assouvir son plus grand rêve : découvrir le Japon, berceau de ces Arts Martiaux qu'il étudie depuis une vingtaine d'années. Marié et père de deux enfants, ce simple fonctionnaire de police aux revenus modestes trouve alors les ressources financières pour s'offrir le voyage (à l'époque, c'était surtout le billet d'avion qui coûtait excessivement cher).
Héritier des valeurs des grands maîtres
Sur place, malgré l'emploi du temps très serré concocté par les autorités japonaises qui organisent l'événement, il trouve le temps de rencontrer Maître Minoru Mochizuki avec lequel il correspond depuis huit ans, après la disparition de Jim Alcheïk (en 1962) qui, en France, avait laissé les pratiquants d'Aïkido dans un grand désarroi. "La rencontre a lieu au Yoseïkan," raconte-t-il. "Maître Mochizuki me reçoit avec beaucoup d'attention. Il me connaît par mes lettres, mais nous ne nous sommes jamais vus..." Ce voyage au Japon, agrémenté de cette rencontre, sera la première "grande aventure martial" de son existence. À partir de ce moment-là, Alain Floquet ne va cesser sa quête de savoir, un peu comme s'il recherchait "le mouvement parfait".
Entre 1970 et 1982, il retournera une bonne dizaine de fois au Japon. Des séjours de plusieurs semaines qui vont lui permettre de travailler avec les plus grands maîtres, héritiers du savoir ancestral du Japon traditionnel. Tour à tour, il sera l'élève direct de Minoru Mochizuki, Yoshio Sugino et Tokimune Takeda. "Le plus difficile à l'époque était de se payer le voyage, sur place on se débrouillait toujours pour que la vie ne coûte pas trop cher". Face aux conseils de tels professeurs, Alain Floquet va ouvrir grand les yeux et les oreilles, mais aussi son c½ur et son âme. À tel point qu'il est devenu l'un des héritiers des valeurs représentées par ces hommes d'exception. "Le sens de l'art martial aujourd'hui tel que je le conçois, c'est participer à l'évolution et au progrès de chacun, c'est permettre à tous de se renforcer, de se construire physiquement et mentalement".
L'affrontement des maîtres
En 1973, Alain Floquet va donner un sens pratique à sa perpétuelle étude de l'Aïkido. Deux ans après le regroupement des différentes écoles d'Aïkido voulu par Georges Pfeifer, président de la F.F.J.D.A. (et approuvé par les Maîtres Hiroo Mochizuki, Nobuyoshi Tamura et André Nocquet), qui menait selon, lui à la disparition de l'Aïkido Yoseïkan, il crée le C.E.R.A. (Centre d'Etude et de Recherche de l'Aïkido). "Un centre d'étude qui me permettait d'assumer mes recherches". Alors en marge de la F.F.J.D.A., Alain Floquet consacre donc sa vie à explorer la "voie de la paix" aux quatre coins du monde, avec toujours le même souci d'harmonie et d'authenticité. En 1984, il réussit même l'exploit d'organiser un grand stage à Temple/Lot, avec Minoru Mochizuki et Yoshio Sugino. Le scandale sera d'ailleurs évité de peu quand les deux hommes se croiseront sur un tatami (contre sa volonté) et seront tout près d'en venir aux mains pour se signifier leurs divergences d'opinion ... Appelé en catastrophe pour gérer c'est "incident diplomatique", celui qui avait dirigé son premier stage en 1958 (à moins de vingt ans !) prenait sans doute conscience ce jour-là du chemin qu'il lui resterait encore et toujours à parcourir ...
"Aujourd'hui, je suis toujours en phase de découverte, elle est excessivement longue", souligne le grand maître qui ne trouve plus de motivation pour retourner au Japon. Les plus grands ont disparu et l' héritage n'est pas encore à la hauteur du patrimoine. Tout du moins ne présente-t-il sans doute pas la possibilité d'augmenter la richesse qui est au plus profond de lui-même.
Expert lors d'affaires criminelles
Aujourd'hui, c'est à son tour de transmettre. "Je cours après le temps..." souligne Alain Floquet, qui voit dans son activité professionnelle un complément idéal à sa quête martial. Expert judiciaire en criminalistique, il est nommé pas les juges de grandes affaires criminelles pour "faire parler les victimes". Dans quelles circonstances un coup mortel a-t-il pu être porté ? Quelle fut l'attitude de la victime à tel ou tel moment ? "J'essaye de donner la parole gestuelle à la victime". Le mouvement, toujours le mouvement. Un véritable art qu'Alain Floquet n'a pas encore fini d'explorer. "Je me rappellerai toujours de ma première citation à la barre d'un procès d'Assises", raconte l'Aïkidoka, le regard presque attendri. "J'étais terrorisé à l'idée d'aller à la barre pour relire mon rapport... C'était dans un grand procès d'Assises ; arrivé en avance, j'entends l'avocat, une sommité, dire "et en plus, le juge a fait appel à un judoka !", cela avait fini de me mettre mal à l'aise. Aujourd'hui j'ai évolué, mais quand je vais à un procès, je ne suis pas le même. Je m'exprime différemment, c'est un peu comme si j'allais à un combat... J'y vois un rapport profond l'art martial, tel que je le conçois, au-delà de son sens originel".
Eternel chercheur, Alain Floquet semble avoir toujours eu le sens des choses justes. Surtout lorsqu'elles concernent les capacités physiologiques ou physiques. Un intérêt légué par son père, professeur de gymnastique ? "Je ne pense pas, car je n'ai jamais pratiqué avec mon père que j'ai connu à l'âge de cing ans car il était prisonnier en Allemagne... Bien sûr, j'ai moi-même fait de la gymnastique vers 10 ou 12 ans, mais pas avec lui...". La thèse de l'héritage génétique pourrait plutôt être avancée... Mais chez Alain Floquet, la passion du mouvement va encore bien au-delà. Et ce n'est sans doute pas un hasard si, aujourd'hui, il se passionne pour l'horlogerie ancienne. "Son mécanisme, ses mouvements...". Le genre de choses qui sonnent juste.
"Aujourd'hui, je suis toujours en phase de découverte"